Matheron

De Géowiki : minéraux, cristaux, roches, fossiles, volcans, météorites, etc.
Aller à : navigation, rechercher

Pierre Emile Philippe Matheron (1807-1899) géologue français, paléontologue provençal, systématicien, membre de l'Académie des Sciences.

Fils d'un géomètre marseillais, membre d'une fratrie de onze enfants, ce jeune marseillais qui avait commencé une collection de fossiles à 18 ans est devenu une des figures de la géologie française du 19ième siècle. Pierre Emile Philippe Matheron fut successivement chargé de cours de paléontologie, agent voyer en chef des Bouches-du-Rhône et géologue. Nous lui devons tout à la fois la splendide gare Saint Charles de Marseille et la notion de fossile type ou de fossile stratigraphique.
Son remarquable travail de description et d'inventaire géologique et paléontologique en fait le Père de la géologie provençale. Il a constitué une riche collection comptant près de 40 000 échantillons pour un peu plus de 7 000 espèces qui est actuellement conservée au Musée d'Histoire Naturelle de Marseille (Palais Longchamp).
Par son énorme travail de systématique sur les invertébrés, il a permis de décortiquer les bases de la stratigraphie et de l'histoire géologique de la Provence, posant les bases pour des générations de géologues. Il a également contribué à la description géologique du Bassin Aquitain et plus particulièrement du Médoc et des environs de Blaye en Gironde.

En Provence la première mention de la présence de grands ossements fossiles remonte à 1842. Cette année là, M. Doublier (agent voyer du département du Var) signalait la présence d'ossements de grandes dimensions appartenant à un " saurien gigantesque " et découverts dans les terrains " tertiaires " des environs de Fox-Amphoux (Var). Les fossiles étaient simplement mentionnés, mais aucune description n'en fut réalisée.

C'est au géologue provençal Philippe Matheron que l'on doit la première mention d'oeufs fossilisés attribuables à des dinosauriens dans le Crétacé supérieur de la Basse-Provence. Lorsqu'il entreprit ses longs travaux sur les dépôts fluvio-lacustres du bassin d'Aix-en-Provence, dont il devait démontrer que la partie supérieure appartenait à l'Éocène et la partie inférieure au Crétacé terminal. Il accorda une grande attention aux reptiles fossiles, dont la présence dans ces terrains était connue depuis le début du XIXe siècle. (Voir Les œufs de dinosaures du Crétacé supérieur de France).

En 1869 il décrivit les fragments osseux d'un grand dinosaure sauropode, Hypselosaurus priscus, ainsi que ceux d'un Ornithopode primitif, Rhabdodon priscus, provenant de la base de son étage Rognacien - ainsi nommé en référence au village de Rognac, situé sur les rives de l'Etang de Berre (Bouches-du-Rhône). C'est à propos des fragments osseux d'Hypselosaure que Matheron donne les premières indications sur les oeufs fossiles conservés dans les sédiments crétacés de Provence et dont il avait trouvé des fragments de coquilles dès 1846 : " ... avec les fragments osseux dont je viens de parler, se trouvaient deux grands segments de sphère ou d’ellipsoïde, à l'examen desquels plusieurs paléontologistes ont souvent exercé leur patience. Tout bien considéré il paraîtrait que ce sont des fragments d’œufs. Ces œufs étaient encore plus gros que ceux que Isidore Geoffroy Saint-Hilaire attribue à Aepyornis. (Matheron fait erreur sur ce point). Les deux fragments dont il s'agit représentent-ils les vestiges de deux oeufs d'oiseaux gigantesques ou sont-ils les restes de d’œufs d'Hypselosaure. Telle est la question qui reste à résoudre ". Matheron ne devait plus rien publier sur ce sujet, mais il ouvrait un champ d'investigations et un débat qui sont encore loin d'être complètement résolus.

En 1876, Paul Gervais (1816 - 1879) rendit visite à Matheron. Il fut le premier à avoir l'idée de pratiquer des coupes histologiques dans les fragments de coquilles. " Ayant vu l'automne dernier ces coquilles d'oeufs énigmatiques dans la riche collection réunie à Marseille par M. Matheron, j'ai eu l'idée de faire l'examen microscopique de leur structure, espérant arriver à résoudre par cet examen la question, restée jusqu'ici sans réponse de leur véritable origine, et j'ai prié Monsieur Matheron de m'en fournir les moyens, ce à quoi il s'est prêté avec une bonne grâce dont je ne saurais trop le remercier " (Gervais, 1877). Paul Gervais eu l'heureuse idée de comparer les lames minces obtenues avec des fragments de coquilles d’œufs d'oiseaux, de crocodiles, de tortues et de gecko. Il publia les résultats de ses observations et de ses comparaisons dans une note intitulée " De la structure des coquilles calcaires des œufs et des caractères qu'on peut en tirer " (1877 ). De ses analyses effectuées en lumière naturelle et en lumière polarisée, il conclut :

" - Que les grands œufs fossiles dans le terrain de Rognac n'ont pas appartenu à un oiseau, mais bien à un reptile de classification indéterminée ayant par la structure de la coquille de ses œufs une incontestable analogie avec ceux de certains Emydo-sauriens ( ...)
- Que ce reptile, si c'était effectivement l'Hypselosaure de Monsieur Matheron, comme tout porte encore à le faire supposer, avait, sous ce rapport du moins, plus de ressemblances avec les chéloniens que n'en avaient fait supposer les pièces, encore peu nombreuses, que l'on connaît de son squelette ".

Sources : Anonyme. Philippe Matheron (1807-1899) soixante ans de géologie Provençale. Catalogue d'exposition, Muséum d'Histoire naturelle de Marseille. (1983). & diverses…

Publications :

Matheron P., 1832. Mémoire sur la Cloisonnaire trouvée dans les fouilles faites pour l’établissement d’un bassin de Carénage à Marseille. Annales Sciences et Industries du Midi de la France, 1, p.76.
Matheron P., 1832. Observations sur les terrains tertiaires des Bouches du Rhône, suivies de la description d’espèces nouvelles. Annales des Sciences et de l’Industrie du Midi de la France, 3, 87 p.
Matheron P., 1839. Essai sur la constitution géognostique des Bouches-du-Rhône. Répertoire des Travaux de la Société de Statistique de Marseille, 3, 134 p.
Matheron P., 1840. Carte topographique et administrative du département des Bouches-du-Rhône ; 4 feuilles au 1/75000e.
Matheron P., 1842. Catalogue méthodique et descriptif des corps organisés fossiles du département des Bouches-du-Rhône et lieux circonvoisins. Répertoire des Travaux de la Société de Statistique de Marseille, 6, 269 p.
Matheron P., 1842. Réunion extraordinaire de la Société Géologique à Aix. Bulletin de la Société Géologique de France, 13, p.411-532.
Matheron P., 1842. Différences qui existent entre les Hippurites et les Radiolites. Bulletin de la Société Géologique de France, 13, 520-521.
Matheron P., 1842. Carte géologique du département des Bouches-du-Rhône.
Matheron P., 1846. Sur les terrains traversés par le souterrain de la Nerthe, près Marseille. Bulletin de la Société Géologique de France, 4, 2, p. 261-269.
Matheron P., 1862. Recherches comparatives sur les dépôts fluvio-lacustres tertiaires des environs de Montpellier, de l’Aude et de la Provence. Mémoires de la Société d’Emulation de Marseille, 1, p.173-280.
Matheron P., 1864. Réunion extraordinaire de la Société Géologique, Marseille. Bulletin de la Société Géologique de France, 21 (2):509-545.
Matheron P., 1866. Concordance des terrains de Provence avec les terrains contemporains des autres parties de la France. Congrès Scientifique de France, 33, p.417.
Matheron P., 1867. Note sur les dépôts tertiaires du Médoc et des environs de Blaye, et sur leurs rapports avec les couches fluvio-lacustres du nord-est de l’Aquitaine et avec les lambeaux tertiaires des environs de Nantes. Bulletin de la Société Géologique de France, T. 24, p.197-228.
Matheron P., 1867. Sur l’âge des calcaires à Lychnus du Midi de la France. Bulletin de la Société Géologique de France, 24, p.848-849.
Matheron P., 1868. Note sur l’âge des calcaires à Strophostoma lapicida des environs d’Aix et de Montpellier et sur la position de l’étage de Rognac par rapport à la série des dépôts fluvio-lacustres du bassin de Fuveau. Bulletin de la Société Géologique de France, 25, 2, p.762-777.
Matheron P., 1869. Note sur les Reptiles fossiles des dépôts fluvio-lacustres crétacés du bassin à lignite de Fuveau. Bulletin de la Société Géologique de France, 26, 2, p.781-795.
Matheron P., 1869. Notice sur les Reptiles fossiles des dépôts fluvio-lacustres crétacés du bassin à lignite de Fuveau. Mémoire de l’Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Marseille, 39 p.
Matheron P., 1875. Note sur les dépôts crétacés lacustres et d'eau saumâtre du Midi de la France. Bulletin de la Société Géologique de France, 3, p. 415.
Matheron P., 1876. Note sur les dépôts lacustres crétacés et d’eau saumâtre du Midi de la France. Bulletin de la Société Géologique de France, 4, p.415-428.
Matheron P., 1878-80. Recherches paléontologiques dans le midi de la France. Marseille.
Matheron P., 1891. Réunion extraordinaire de la Société Géologique en Provence : note sur l’âge de la série saumâtre et d’eau douce de Fuveau et de Rognac. Bulletin de la Société Géologique de France, 19, p.1046-1047.
Matheron P., 1891. Sur les animaux vertébrés dans les couches d'eau douce crétacées du Midi de la France. Bulletin de l'Association Française pour l’Avancement des Sciences, p.382-383.

Collection : La collection de Philippe Matheron est déposée au Museum d'Histoire Naturelle de Marseille (Palais Longchamp).


Retour à la Liste des personnalités