A l’aube du Jurassique
En France, les séries sédimentaires correspondant au passage du Trias au Jurassique ont livré davantage d’empreintes de pas de dinosaures que de restes osseux. Une exception notable est constituée par le squelette partiel d’un théropode de taille moyenne (environ 5 mètres de longueur) trouvé dans une carrière à Airel (Manche). Ce spécimen, qui vient d’un niveau très proche de la limite Trias-Jurassique, a fait l’objet de diverses études et vient d’être placé dans un genre nouveau, Lophostropheus.
Il n’est pas exclu que des animaux tels que Lophostropheus soient les auteurs de certaines des nombreuses traces tridactyles trouvées dans des niveaux proches de la limite Trias-Jurassique dans diverses régions de France. L’un des sites les plus productifs est le Veillon, sur la côte vendéenne, où un millier d’empreintes purent être relevées en 1965-1966.
Les empreintes de pas de dinosaures sont aussi abondantes dans l’Hettangien (base du Jurassique) des Cévennes et des Causses, avec des sites importants à Saint-Laurent-de-Trèves, en Lozère, et aux environs de Millau (Aveyron). La plupart des empreintes relevées sur ces sites montrent trois doigts pointus et sont attribuables à des théropodes. Ces animaux apparemment fréquentaient les étendues de vase calcaire en bordure de mer où leurs pistes ont pu s’imprimer dans le sédiment et se conserver.
Un type plus rare de piste de dinosaure de l’Hettangien est celui découvert dans la cour d’une ferme à Corniac sur l’Isle, en Dordogne. Les empreintes aux doigts robustes, courts et arrondis suggèrent que leur auteur était un stégosaure. Il s’agit d’un des plus anciens indices de l’existence de stégosaures.
Texte d'Eric Buffetaut, CNRS.