L'Islande ou la naissance d'un nouveau monde
L'Islande est une terre relativement jeune, elle a commencé à se former il y a moins de 20 Ma. Ce n'est rien en comparaison de la Terre qui elle, est née il a 4,5 MA. A l'origine, ce sont des volcans qui sont sortis de l'océan et, d'éruptions en éruptions, ils ont fini par façonner cette île dont les paysages sont uniques au monde !!! En effet, l'Islande regorge de somptueux paysages résultants de la bataille que se livrent les forces de la nature, une bataille entre l'eau, la glace et le feu...
La particularité de l'Islande est d'être une île à cheval sur deux plaques (voir : plaque tectonique), d'un côté la plaque américaine, de l'autre la plaque eurasienne. Ces deux plaques s'écartent. Ce phénomène est tout à fait normal car la Terre est recouverte de plaques qui coïncident parfaitement entres elles. Ces plaques bougent en raison de l'intense chaleur qui règne sous terre. Sous l'effet de températures extrêmes, des masses de roches remontent vers la surface. Au cours de cette remontée, ces roches se refroidissent, c'est alors qu'à l'approche de la croûte terrestre, les roches, devenues plus denses, replongent vers le centre de la Terre. Ces mouvements, dits de convection, font l'effet d'un tapis roulant entraînant les plaques qui se trouvent au-dessus. En conséquence, certaines s'écartent (divergence), d'autres se chevauchent (convergence), d'autres se heurtent en se dressant l'une contre l'autre et créant ainsi des chaînes de montagnes telles que la Cordillère des Andes. L'Islande se trouve justement à la frontière de deux plaques qui s'écartent ; d'un côté, la plaque américaine et de l'autre, la plaque eurasienne.
La frontière entre l'Amérique et l'Europe n'est pas nette, elle correspond à une série de fissures parallèles les unes aux autres, comme au Thingvellir (Þingvellir). Ces fissures qui se forment en raison de la finesse de la croûte terrestre à ces endroits-là, se forment depuis des millions d'années jusqu'à aujourd’hui encore.
Au fond de ces failles, on ne peut pas distinguer les « entrailles » de la Terre, car elles sont comblées de roche. En effet, sitôt ouverte, la croûte terrestre se rebouche. En raison de la finesse de la croûte au niveau de la jonction des plaques, elles exercent une pression moindre sur les roches magmatiques. En conséquence, ces roches se liquéfient et s'engouffrent dans les failles pour les combler. On appelle ce phénomène l'accrétion. Voilà pourquoi les plaques ont beau s'écarter, il ne se forme pas de « gouffres » entre les deux plaques. Bien au contraire, au niveau de cette jonction, la croûte terrestre se déchirant régulièrement, les laves qui jaillissent sous forme d'éruptions volcaniques s'accumulent et finissent par former une chaîne de montagnes que l'on appelle une dorsale. On peut ainsi observer au fond de l'océan Atlantique, entre la plaque américaine et la plaque eurasienne et dans le prolongement entre la plaque sud-américaine et la plaque africaine, une immense chaîne de montagne : la dorsale médio-atlantique qui s'étire sur 15 000 km de long et qui émerge au niveau de l'Islande.
Au niveau du Thingvellir, on observe une immense faille de 30 km de large et c'est dans cette faille appelée rift que les fissures résultant de l'écartement des deux plaques se forment. L'Islande est donc partagée en deux par ce rift et grandit de 2 cm/an. En conséquence, c'est l'Océan Atlantique tout entier qui s'élargit.
Au fond de l'océan au niveau de la dorsale, l'activité volcanique est intense. On peut par exemple y observer des sources d'eau chaude appelées fumeurs noirs, ou encore des séismes.
L'Islande émerge de l'océan car à cet endroit, deux formes de volcanisme se conjuguent. Un volcanisme lié à la formation de la dorsale, un autre lié à la présence d'un phénomène appelé point chaud. En effet, sous terre la température est, par endroits, plus élevée qu'ailleurs. Les roches qui subissent ces températures extrêmes, deviennent moins denses que la matière environnante, en conséquence, elles remontent vers la surface formant un panache dont la tête vient « s'écraser » contre de la croûte terrestre, la température est tellement élevée que le flux agit comme un véritable chalumeau qui fini par percer la croûte et la lave jaillit. Dans l'Atlantique nord, le point chaud débouche pile au niveau de l'Islande entre les deux plaques. La lave produite par le point chaud vient donc s'ajouter à celle issue du volcanisme d'accrétion. Voilà pourquoi la dorsale émerge au niveau de l'Islande en formant une île.
En 1783, au Laki, une énorme fissure de 25 km de long s'est ouverte et plus de 100 bouches volcaniques se sont formées à cet endroit-là. Cette énorme éruption a duré 9 mois et plus de 10 km3 de lave se sont épanchés dans la plaine sur une surface de 550 km² jusqu'à la mer (~ 5 fois la surface de Paris). C'est la plus importante coulée de lave que l'Homme est connue. Elle s'est accompagnée d'une énorme émission de gaz et de cendres qui a contaminé une grande partie des pâturages de l'île et le cheptel a été en partie décimé. Une famine catastrophique s'en est suivie causant la mort de près d'un quart de la population de l'époque. Cette éruption à eu des conséquences jusqu'en Europe. En effet, le nuage de gaz émis lors de cette éruption est monté à 10 km d'altitude et, en raison des déplacements de masses d'air à grande échelle, a recouvert toute l'Europe occidentale. En France par exemple, les conséquences climatiques ont étés catastrophiques, car cela a provoqué un refroidissement conséquent de quelques degrés, il a gelé jusqu'à la fin du mois de juin, ce qui a provoqué des récoltes désastreuses cette année-là et donc des famines, 5 ans avant la Révolution française...
En Islande, c'est le paysage qui subit une révolution à chaque éruption ; car des éruptions, il y en a en moyenne une tous les 4 ans telle que celle du Krafla en 1984, un des volcans les plus actifs de l’île qui en comporte 200, très dangereux, qui peuvent se réveiller à chaque instant... Mais l'Islande comporte de grands espaces inhabités, alors, même si l'éruption est impressionnante, il est rare qu'elle menace la population.
Cependant, c'est arrivé une fois, dans la nuit du 23 janvier 1973, sur la seule île habitée des îles Vestmann et plus grand port d'Islande, Heimaey. Cette ville a failli être complètement détruite par la coulée de lave et les projections de cendres. Les 5 000 habitants ont dû être évacués en catastrophe, tout semblait perdu. Mais c'était sans compter avec l'ingéniosité des islandais. En effet, ils ont eu l’idée de pomper l'eau de mer et de la projeter sur la lave afin de la refroidir. Grâce à cela, la ville a été en partie sauvée. L'éruption agrandit considérablement l'île et le port en fut beaucoup amélioré et protégé des tempêtes.
Une autre éruption est restée célèbre, celle du 14 novembre 1963, car elle a donné naissance à une nouvelle île. Comme pour toute l'Islande, cette éruption est due à l'alliance de la dorsale et du point chaud. On a baptisé ce morceau de terre : Surtsey. Aujourd'hui, Surtsey est la plus jeune île de notre planète. Elle est protégée et seuls les scientifiques sont autorisés à y aller. Sur place, ils peuvent découvrir comment la vie animale et végétale apparaît sur une terre vierge.
En Islande, le glacier du Vatnajökull est le plus grand glacier d'Europe. En effet, plus grand que la Corse, il occupe 10 % du territoire islandais avec ses 8 000 km². Par endroits, son épaisseur peut atteindre 1 000 m. Sous cet énorme glacier, se trouvent de nombreux volcans en activité dont 3 sont très actifs. Le 30 septembre 1996, la puissante éruption du volcan Grimsvötn débuta sous le glacier.
La chaleur dégagée fit fondre la glace ; de gigantesques panaches de vapeur s'élevèrent alors à plusieurs milliers de mètres d'altitude accompagnés d'immenses gerbes de cendres. La chaleur dégagée fit alors fondre la glace. Des milliers de mètres cubes d'eau disparurent alors sous le glacier. Après 15 jours d'éruptions, le volcan se rendormit. Tout semblait terminé, mais c'est alors que 2 semaines plus tard, au pied du glacier, des torrents de boue jaillirent dans la plaine. Un "raz de marée" inonda alors des kilomètres carrés pendant 2 jours. Son débit va même atteindre 45 000 m3 à la seconde.
Sous le glacier, se trouve une chambre magmatique avec une ancienne cheminée débouchant sur une caldeira. Une caldeira est une sorte de cuvette formée par l'affaissement d'un ancien cratère. En partie comblée par de la glace, cette caldeira contient également de l'eau. Avant l'éruption, le déplacement des plaques avait entraîné la formation de nouvelles failles qui vont alors permettre à la lave de la chambre magmatique de remonter en empruntant un de ces nouveaux passages situés en amont de la caldeira et jaillir sous la glace. Sous l'effet de la chaleur, la glace va fondre et l'eau issue de cette fonte va remplir la caldeira située en aval. Tandis que cette caldeira se remplissait, une dépression se formait au niveau de l'éruption. Après quelques jours d'activité, la lave va réussir à percer la glace. De gigantesques panaches de fumée, de vapeur et de cendre vont s'élever dans le ciel islandais. C'est alors que l'éruption cessa. Cependant, la température étant encore très élevée au niveau du cratère, la glace va continuer à fondre et à s'écouler dans la caldeira. L'eau de cette caldeira subissant l'énorme pression de son dôme de glace, va s'écouler sous le glacier en soulevant la glace grâce à ce dôme agissant comme un véritable piston. Toute l'eau va alors être chassée à l'extérieur provoquant un gigantesque "raz de marée" appelé Joküllum (glacier qui court) par les islandais. Aujourd'hui un nouveau jökullum est craint sous le Myrdalsjökull car l'Hekla est réveillé depuis 3 ans. Au pied de ce glacier se trouve le petit village de Vik qui compte 500 habitants. En ce moment, c'est la zone la plus surveillée de l'île.
Lorsque l'eau et le volcanisme se « mélangent », cela donne de curieux phénomènes tels que les fumerolles, gaz chauds et sulfureux qui s'échappent de la terre comme à Krysuvik. Il y a également de l'eau ainsi que des mares de boue qui jaillissent et bouillonnent à des températures moyennes de 80 ou 100 °C. Tout cela est dû au fait de l'écartement des plaques en Islande. En effet, en raison de ce phénomène, la croûte terrestre n'est pas très épaisse et le magma ne se situe qu'à 2 ou 3 km de profondeur.
On peut aussi observer des geysers, comme sur le site de Geysir, qui a donné son nom aux geysers du monde entier. Un geyser se présente sous la forme d'un réservoir souterrain surmonté d'un long conduit qui débouche à l'extérieur. Il est alimenté par tout un réseau de fractures dans lesquelles circule de l'eau de pluie qui, au contact des roches très chaudes, atteint des températures très élevées, jusqu'à 120 °C. L'eau, à cette température, se vaporise à la pression atmosphérique, mais au fond du réservoir la pression est beaucoup plus grande en raison de la colonne d'eau qui empêche donc l'eau de se vaporiser. La pression n'étant pas uniforme, plus on remonte dans le conduit, moins la pression est forte. En conséquence, au milieu du conduit, de petites bulles se forment et remontent à la surface en évacuant un peu d'eau. C'est alors que, la colonne d'eau étant moins importante et donc la pression moins grande, l'eau contenue au fond du réservoir peut se vaporiser. Des bulles remontent à la surface en entraînant avec elles l'eau contenue dans le conduit qui jaillit à l'extérieur sous la forme d'un puissant jet d'eau et de vapeur.
Cycle de l'éruption d'un geyser islandais (le Strökkur):
--Pegasus 28 mai 2007 à 18:17 (CEST)
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