Le Veillon : dinosaures et géologie !
Si le lieu est connu pour ses nombreuses empreintes de dinosaures, bien d'autres aspects de ce site pourront intéresser le géologue ou le naturaliste.
Situé entre Les Sables d'Olonne et Talmont St Hilaire, il faut comme pour les autres promenades géologiques en bord de côte, profiter d'une marée basse (de préférence gros coefficient) pour apprécier au mieux ce secteur. La flèche rouge indique le site.
La zone que nous décrirons est sur la droite lorsqu'on arrive à la mer, soit entre le parking de la plage du Veillon et le lieu-dit "Grand Quezeau".
Juste au-dessus des affleurements, vous avez la dune ! Zone fragile, à respecter ! Dans les dunes du Veillon, quelques plantes rares dans le secteur : Cistus salviaefolius, Daphné lauréole..... De quoi faire le bonheur des botanistes.
Dès qu'on quitte la plage du Veillon (attention aux amateurs de baignade : la zone est délicate : courants, bancs de sables) vers le Nord, le sable est jonché de galets et de plaques détachées par la mer des affleurements du secteur.
On distingue deux types de "galets" : certains sont formés de Lias silicifié (ils proviennent en fait de la pointe du Payré qui se trouve au sud, juste de l'autre coté de l'estuaire) ; les autres sont plutôt "calcaires" et proviennent des roches que nous allons observer dans ce secteur du Veillon.
Une observation fréquente sur la côte (observé aussi à Cayola, Pointe du Payré...) : les galets choqués. Ce sont des formations typiques en croissant observées sur les galets silicifiés. Elles sont dues aux chocs des galets les uns contre les autres lors des mouvements de la mer.
Juste à la base de la dune, on observe les premières couches de l'affleurement. Sensiblement horizontales, elles sont constituées de calcaires dolomitiques.
A noter que les roches du Veillon datent essentiellement de l'Hettangien comme les roches secondaires observées à la pointe du Payré, de l'autre coté de l'estuaire. D'après certains auteurs, quelques couches (les plus inférieures) du Rhétien seraient aussi présentes.
La différence entre les affleurements du Veillon et ceux de la pointe du Payré réside dans le fait qu'à la pointe du Payré la presque totalité des couches est silicifiée, ce qui n'est pas le cas ici. Les différentes couches présentes sont ainsi nettement plus faciles à observer.
Pour commencer à parler fossiles, dans certains niveaux des couches supérieures il y a abondance de petits coquillages (lumachelles).
NB : Une lumachelle est une roche sédimentaire contenant un grand nombre d'organismes fossiles, en général des coquillages.
Par contre dans ces niveaux, pas de rostres de bélemnites ou d'ammonites, le milieu de vie de l'époque ne s'y prêtant pas !
La plupart des fossiles sont cependant épigénisés en calcite, minéral fréquent ici. On rencontre d'ailleurs dans toutes ces couches des filons de calcite, des plaquages de calcite sur les plans de fractures des couches, des géodes de calcite....
Ces zones de calcite étant en contact avec la mer lors des marées hautes, elles subissent le martèlement de la mer et des galets ! Pas facile donc de trouver de belles cristallisations ! Cependant pour les amateurs de calcite, on peut quand même dégotter quelques cristaux sympas !
De haut en bas de l'affleurement (les couches inférieures se dévoilant seulement à marée basse) on rencontre :
- des calcaires dolomitiques bruns avec fossiles souvent épigénisés en calcite ou barytine
- des calcaires jaunes avec intercalations d'argiles vertes (on en parlera plus loin)
- des grès quartzeux avec à la base, des argiles vertes. (zone principale des empreintes de dinosaures)
- en dessous encore se trouve la série métamorphique du socle.
Toutes ces couches (sauf le socle) datent de l'Hettangien. Comme nous le signalions plus haut, certains auteurs datent les couches sédimentaires les plus inférieures du Rhétien.
Diverses observations permettent de connaitre l'environnement de l'époque. Nous avions ici un milieu lagunaire à faible profondeur d'eau. Sur les plaques calcaires (telles celles montrées sur la photo ci-dessous) diverses figures sédimentaires sont observables, confirmant cette hypothèse :
- des ripple marks
- des fentes de dessiccation
- des impacts de gouttes de pluie
- des empreintes de cristaux de sel
Sur les plaques rocheuses on peut distinguer ainsi par ci par là des cubes de calcite. Il s'agit en fait à l'origine de cristaux de sel qui ont été remplacés par de la calcite tout en gardant la forme cubique des cristaux de sel. On parle de pseudomorphoses. Mais si on casse un de ces cubes, on retrouve bien le clivage de la calcite.
parfois l'érosion dégage ces cubes plus ou moins !
Isolés, on voit bien la forme cubique, forme de la halite postérieurement remplacée par cette calcite. La structure en trémie de la halite est aussi très largement suggérée.
Les cristaux de halite (plus d'un centimètre parfois) n'ont pu se former que dans une eau peu profonde où l'évaporation pouvait faire se concentrer et s'évaporer l'eau. Un des indices permettant de reconstituer le faciès de l'époque (lagune, estuaire..).
La présence de ripple marks conforte cette idée.
Pour la zone à empreintes de dinosaures, il faut se rendre sur le platier découvert aux grandes marées. C'est la zone centrale sur cette photographie :
Un peu d'histoire : au début du 20ème siècle, vers 1930, un naturaliste et géologue vendéen, Edouard Bocquier avait observé des cavités en forme de pied dans la roche mais il ne sut pas comprendre sa découverte. Il pensa à une forme d'usure géologique naturelle de la roche.
En 1963, un estivant (ingénieur chimiste et naturaliste), Gilbert Bessonnat, redécouvre ces empreintes en effectuant des relevés géologiques de la falaise. Il comprit l'importance de sa découverte.
En se rendant vers le large, on descend dans les couches sédimentaires les plus anciennes. On va dépasser un banc de calcaires jaunes surmontant une belle couche d'argile vert-bleu facile à repérer ! Cette couche d'argile "verte" se rencontre d'ailleurs à différents endroits de la côte : La Mine et La Pointe du Payré par exemple.
Cette couche d'argile est en général percée abondamment de trous de pholades.
Sujet en cours de réalisation