Altération du granite : Différence entre versions
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+ | Une petite présentation de la roche est tout d’abord nécessaire pour comprendre son [[altération]].<br> Le granite est une [[roche magmatique]] à structure grenue (formée de grains), entièrement cristallisée et dont les [[cristaux]] sont bien visibles à l’œil nu ([[phénocristaux]]). Le mot « granite » vient d’ailleurs du latin <em>granum</em>, grain. <br> | ||
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+ | *des [[mica]]s : ce sont des minéraux feuilletés. On a essentiellement du mica noir (ou [[biotite]]) mais aussi du mica blanc (ou [[muscovite]]). Le mica blanc est surtout riche en [[aluminium]] et en [[potassium]] alors que le mica noir est surtout riche en [[magnésium]], en [[potassium]] et en [[fer]]. | ||
+ | *des [[feldspath]]s : feldspaths potassiques (orthose, microcline..) et feldspaths plagioclases (albite, anorthite..). | ||
+ | *un certain nombre d’autres minéraux peuvent aussi se rencontrer dans le granite. On peut citer : [[hornblende]], [[grenat]]s, [[magnétite]], [[apatite]], [[zircon]]…<br> | ||
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+ | <center>Lame mince de granite observée en [[lumière polarisée]]. On voit bien que le granite est une roche entièrement cristallisée.</center> | ||
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+ | <center>Granite rose de La Besse. Corrèze. Couleur due à la couleur rose des feldspaths.</center> | ||
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+ | * SiO<sub>2</sub> 70 à 77 % | ||
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+ | Lors de sa cristallisation, le granite (roche magmatique) se trouve à l’intérieur de la [[croûte terrestre]], en profondeur. C’est un soulèvement ultérieur (mouvement de l’écorce terrestre) et des mécanismes d’[[érosion]] des couches supérieures qui lui permettent de se retrouver en surface. C’est ainsi que le granite peut affleurer comme on peut l’observer en de nombreux endroits en France : Bretagne, Vosges, Massif Central, Alpes…<br> | ||
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+ | L’action des agents climatiques et biologiques pourra alors commencer ! Il est cependant nécessaire auparavant pour bien comprendre de décrire une structure facile à observer lorsqu’on étudie un [[affleurement]] de granite. La roche présente fréquemment des fractures.<br> | ||
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+ | Si le granite est une roche dure et résistante, il manque en effet de souplesse. C’est ainsi que, lors des mouvements de l’écorce terrestre et au cours de son refroidissement, le granite, sous l’action des contraintes, va se fissurer. Les fractures apparues (qui portent le nom de [[diaclase]]s) faciliteront l’altération en permettant à l’eau ou aux racines des plantes de pénétrer plus facilement à l’intérieur de la roche. Sans ces diaclases, le granite, roche imperméable ne s’altérerait que difficilement. Et si la surface de la roche était nue, l’eau, ruissellerait à la surface mais ne stagnerait pas, d’où une altération très réduite. L’altération se fera donc préférentiellement juste sous la litière, ainsi que le long des zones où l’eau circule : les fissures et les diaclases. <br> | ||
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+ | Les variations de température agissent aussi sur la cohésion du granite. Elles entraînent des dilatations et des contractions successives. Soumise à ces variations de volume incessantes, le granite se fissure puis éclate. C'est la thermoclastie. La fissuration est plus importante dans les roches composées de minéraux différents n'ayant pas le même coefficient de dilatation. Des microfissures apparaissent alors à la limite entre les minéraux. Ce phénomène de thermoclastie est surtout observé dans les régions de forte amplitude thermique (climat continental, polaire, déserts, haute montagne) <br> | ||
+ | Dans les zones soumises au gel interviendra aussi le phénomène de cryofracturation : l’eau qui s’infiltre dans les diaclases augmentera de volume lors des périodes de gel, participant ainsi à l’élargissement des diaclases et au démantèlement de l’affleurement. | ||
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+ | * l’eau : elle agit de deux façons. D'abord par hydratation (addition d’eau à un composé sans modification chimique de celui-ci). Chez les micas par exemple, l'eau peut se glisser entre les feuillets du minéral, provoquer son gonflement, ce qui va peu à peu désolidariser les grains de la roche. L'eau agit aussi par hydrolyse (décomposition d’une substance sous l’action de l’eau). | ||
+ | * les végétaux qui ont pu s’implanter à la surface du massif (action des racines dans les diaclases et action des molécules organiques issues de la décomposition de ces végétaux) | ||
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+ | 2 K(Fe,Mg)<sub>3</sub>AlSi<sub>3</sub>O<sub>10</sub>(OH)<sub>2</sub> (Biotite)+ 17 H<sub>2</sub>O →Si<sub>2</sub>O<sub>5</sub>Al<sub>2</sub>(OH)<sub>4</sub> (Kaolinite)+ 6 FeO(OH) (Limonite/Goethite) + 4 Si(OH)<sub>4</sub> +2 K<sup>+</sup> + 2 OH<sup>-</sup> | ||
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+ | Il ne s’altère guère. Il va d'abord se fragmenter en petites paillettes de même composition chimique : la séricite. Une hydrolyse est cependant possible qui conduira par perte de potassium à de l'illite puis à de la kaolinite ou à des smectites selon les conditions.<br> | ||
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+ | * Hydrolyse de l’anorthite (plagioclase calcique)<br> | ||
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+ | 2 CaAl<sub>2</sub>Si<sub>2</sub>O<sub>8</sub> (Anorthite) + 4 CO<sub>2</sub> (Dioxyde de carbone) + 6 H<sub>2</sub>O → 2 Ca<sup>++</sup> + 4 HCO<sub>3</sub><sup>-</sup> + 2 Si<sub>2</sub>O<sub>5</sub>Al<sub>2</sub>(OH)<sub>4</sub> (Kaolinite) | ||
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+ | * Hydrolyse de l'albite (feldspath sodique)<br> | ||
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+ | NaASi<sub>3</sub>O<sub>8</sub> (Albite) + 8 H<sub>2</sub>O → Al(OH)<sub>3</sub> (Gibbsite) + 3 Si(OH)<sub>4</sub> (Acide silicique) + Na<sup>+</sup> + OH<sup>-</sup> | ||
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+ | Dans les pays tempérés, on peut remarquer que ces phénomènes d’hydrolyse consomment parfois du dioxyde de carbone. Celui-ci provient soit du dioxyde de carbone de l’air, soit du dioxyde de carbone du sol (issu de la décomposition lente des matières organiques). On a une hydrolyse acide.<br> | ||
+ | Dans les pays méditerranéens, tropicaux ou équatoriaux, l’hydrolyse est neutre ou alcaline et conduira à des argiles parfois différentes. | ||
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+ | ==Évolution du granite au cours de l’altération== | ||
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+ | Un granite altéré puis « pourri » va donc se distinguer d’un granite sain par une couleur plus rouille ou jaunâtre, une fragilisation progressive, une surface plus rugueuse et un aspect mat des cristaux de feldspaths.<br> | ||
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+ | <center>[[Image:Granite peu altéré.jpg]]</center> | ||
+ | <center>Granite en début d'altération : apparition de teinte rouille d'oxyde de fer et de fissures</center> | ||
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+ | L’altération se poursuivant, ce granite « pourri » va se désagrégé et se réduire à un amas de grains, formant une sorte de sable grossier, l’[[arénisation|arène granitique]] (d’<em>arena</em>, le sable en latin). Celle-ci s’accumulera à la base de l’affleurement ou entre les blocs de granite non encore altérés, tandis que les eaux de ruissellement et d’infiltration emporteront les composés solubles issus de l’hydrolyse.<br> | ||
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+ | <center>[[Image:Granite._Monts_d'Ambazac.jpg]]</center> | ||
+ | <center>Affleurement de granite des Monts d'Ambazac. Haute-Vienne.</center> | ||
+ | <center>On voit bien l'[[arénisation|arène granitique]] entre les blocs sains de granite.</center> | ||
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+ | Composition de l’arène granitique : | ||
+ | * grains de quartz non altérés | ||
+ | * grains de feldspaths restant plus ou moins altérés (surtout le feldspath orthose, plus résistant que les plagioclases) | ||
+ | * oxydes de fer | ||
+ | * argiles (provenant de l’altération par hydrolyse des micas et des feldspaths) | ||
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+ | <center>[[Image:Arène_granitique_1.jpg]]</center> | ||
+ | <center>Affleurement de granite altéré. St Amans. Lozère</center> | ||
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+ | <center>Détail de l'arène granitique</center> | ||
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+ | L’altération du granite pourra continuer en profondeur, par couches (altération en « pelures d’oignon ») ce qui formera à la longue des masses plus ou moins arrondies. | ||
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+ | <center>On voit bien la forme en boules du granite après altération.</center> | ||
+ | <center>Quérigut. Pyrénées Orientales</center> | ||
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+ | L’arène granitique pourra par la suite être emportée par le vent, la gravité et les eaux de ruissellement, dégageant progressivement les blocs de granite non altérés qui resteront empilés les uns sur les autres créant dans le paysage ces structures appelées chaos.<br> | ||
+ | On peut résumer ce phénomène ainsi :<br> | ||
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+ | Il est courant de rencontrer ces chaos dans les régions granitiques (Bretagne, Lozère….). Parfois, l’empilement de ces blocs crée une structure instable où certains blocs ne sont en contact que par un ou deux points de leur surface. Certains blocs peuvent même bouger légèrement lorsqu’on les pousse. Dans les folklores locaux, on nomme souvent ces pierres des « pierres branlantes », « roches tremblantes » ou « pierres folles ».<br> | ||
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+ | <center>[[Image:Chaos_granite_de_ploumanach.jpg|600px]]</center> | ||
+ | <center>Chaos granitique. Ploumanach. Côtes d'Armor.</center> | ||
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+ | <center>Le rocher de Peyro Clabado. Massif du Sidobre. Tarn</center> | ||
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+ | <center>Chaos granitique. St Amans. Lozère.</center> | ||
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+ | Dans les zones montagneuses, l’altération du granite par le phénomène d’hydrolyse et par les êtres vivants est plus réduite.<br> | ||
+ | Par contre, l’action du gel et du dégel dans les diaclases est très importante (phénomène de cryofracturation), ce qui va détacher de grands blocs de granite en produisant des flèches, aiguilles…. En bas de ces reliefs s’accumulent les blocs rocheux détachés par ce mécanisme. | ||
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+ | <center>Éboulis de granite en bas des reliefs (Lozère). De l'arène granitiques est aussi visible.</center> | ||
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+ | <center>[[Image:Granite_aiguille_midi.jpg ]]</center> | ||
+ | <center>Massif granitique de l'Aiguille du Midi.</center> | ||
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+ | ==Érosion du granite en bord de mer== | ||
+ | En bord de mer, la destruction des roches peut être accélérée par d'autres phénomènes. Tout d'abord, il faut considérer le choc des vagues sur les roches ou le choc des galets projetés par la mer sur les roches. En cas de tempêtes, de gros morceaux de roches peuvent même être détachés de l'affleurement.<br> | ||
+ | Mais l'action du sel marin a aussi son influence. Les embruns salés pénètrent dans les fissures de la roche. Les cristaux de sel qui s'y développent prennent du volume en séchant ce qui multiplient les microfractures. Les sulfates de sodium et de magnésium sont les plus destructeurs dans ce genre de processus. | ||
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Version actuelle datée du 3 novembre 2021 à 22:38
Sommaire
Introduction
Le granite, assez commun en France, est une roche réputée pour sa dureté et sa résistance. C’est ce qui explique son usage en tant que matériau de construction ainsi que dans la réalisation de pavés, bordures de trottoirs, calvaires, pierres tombales…
Voir → Utilisation des richesses du sous-sol
Pourtant, malgré ses qualités, cette roche n’est pas indestructible. Soumis aux conditions extérieures, le granite finit à la longue par s’altérer. Nous allons voir ce processus.
Présentation du granite
Une petite présentation de la roche est tout d’abord nécessaire pour comprendre son altération.
Le granite est une roche magmatique à structure grenue (formée de grains), entièrement cristallisée et dont les cristaux sont bien visibles à l’œil nu (phénocristaux). Le mot « granite » vient d’ailleurs du latin granum, grain.
Ces minéraux en grains sont de plusieurs natures :
- du quartz principalement (c’est de la silice pure SiO2)
- des micas : ce sont des minéraux feuilletés. On a essentiellement du mica noir (ou biotite) mais aussi du mica blanc (ou muscovite). Le mica blanc est surtout riche en aluminium et en potassium alors que le mica noir est surtout riche en magnésium, en potassium et en fer.
- des feldspaths : feldspaths potassiques (orthose, microcline..) et feldspaths plagioclases (albite, anorthite..).
- un certain nombre d’autres minéraux peuvent aussi se rencontrer dans le granite. On peut citer : hornblende, grenats, magnétite, apatite, zircon…
Cette palette de minéraux, dont les proportions et la taille des cristaux peuvent varier, explique la grande variété des granites rencontrés dans le monde (des centaines de couleur et d’aspect différents).
Quelques exemples :
La composition chimique moyenne des granites est :
- SiO2 70 à 77 %
- Al2O3 11 à 15%
- K2O 3 à 5 %
- Na2O 3 à 5 %
- Fe 2 à 3%
- CaO 1%
- MgO et TiO2 moins de 1%
Fracturation du granite
Lors de sa cristallisation, le granite (roche magmatique) se trouve à l’intérieur de la croûte terrestre, en profondeur. C’est un soulèvement ultérieur (mouvement de l’écorce terrestre) et des mécanismes d’érosion des couches supérieures qui lui permettent de se retrouver en surface. C’est ainsi que le granite peut affleurer comme on peut l’observer en de nombreux endroits en France : Bretagne, Vosges, Massif Central, Alpes…
L’action des agents climatiques et biologiques pourra alors commencer ! Il est cependant nécessaire auparavant pour bien comprendre de décrire une structure facile à observer lorsqu’on étudie un affleurement de granite. La roche présente fréquemment des fractures.
Si le granite est une roche dure et résistante, il manque en effet de souplesse. C’est ainsi que, lors des mouvements de l’écorce terrestre et au cours de son refroidissement, le granite, sous l’action des contraintes, va se fissurer. Les fractures apparues (qui portent le nom de diaclases) faciliteront l’altération en permettant à l’eau ou aux racines des plantes de pénétrer plus facilement à l’intérieur de la roche. Sans ces diaclases, le granite, roche imperméable ne s’altérerait que difficilement. Et si la surface de la roche était nue, l’eau, ruissellerait à la surface mais ne stagnerait pas, d’où une altération très réduite. L’altération se fera donc préférentiellement juste sous la litière, ainsi que le long des zones où l’eau circule : les fissures et les diaclases.
Les variations de température agissent aussi sur la cohésion du granite. Elles entraînent des dilatations et des contractions successives. Soumise à ces variations de volume incessantes, le granite se fissure puis éclate. C'est la thermoclastie. La fissuration est plus importante dans les roches composées de minéraux différents n'ayant pas le même coefficient de dilatation. Des microfissures apparaissent alors à la limite entre les minéraux. Ce phénomène de thermoclastie est surtout observé dans les régions de forte amplitude thermique (climat continental, polaire, déserts, haute montagne)
Dans les zones soumises au gel interviendra aussi le phénomène de cryofracturation : l’eau qui s’infiltre dans les diaclases augmentera de volume lors des périodes de gel, participant ainsi à l’élargissement des diaclases et au démantèlement de l’affleurement.
Altération du granite
Les principaux agents d’altération sont :
- l’eau : elle agit de deux façons. D'abord par hydratation (addition d’eau à un composé sans modification chimique de celui-ci). Chez les micas par exemple, l'eau peut se glisser entre les feuillets du minéral, provoquer son gonflement, ce qui va peu à peu désolidariser les grains de la roche. L'eau agit aussi par hydrolyse (décomposition d’une substance sous l’action de l’eau).
- les végétaux qui ont pu s’implanter à la surface du massif (action des racines dans les diaclases et action des molécules organiques issues de la décomposition de ces végétaux)
Chacun des minéraux du granite réagit différemment à l’altération :
- Le mica noir (ou biotite)
A cause de la présence de fer dans sa composition, il va se transformer assez rapidement en hydroxyde de fer et en argile.
Hydrolyse de la biotite :
2 K(Fe,Mg)3AlSi3O10(OH)2 (Biotite)+ 17 H2O →Si2O5Al2(OH)4 (Kaolinite)+ 6 FeO(OH) (Limonite/Goethite) + 4 Si(OH)4 +2 K+ + 2 OH-
-Le mica blanc (ou muscovite)
Il ne s’altère guère. Il va d'abord se fragmenter en petites paillettes de même composition chimique : la séricite. Une hydrolyse est cependant possible qui conduira par perte de potassium à de l'illite puis à de la kaolinite ou à des smectites selon les conditions.
-Le quartz
Il est inaltérable. Une fois séparé des autres éléments, il fournit l'essentiel du sable
-Les feldspaths
Par hydrolyse, ils vont se transformer en argiles (illite, kaolinite, gibbsite, smectites…). Selon les conditions, ces hydrolyses pourront se faire selon des réactions différentes et donc conduire à des composés différents. De plus tous les feldspaths ne sont pas sensibles de la même façon à l'hydrolyse (les feldspaths potassiques sont les plus résistants ; puis viennent les feldspaths sodiques et enfin les feldspaths calciques). Les phénocristaux, présents dans certains granites, résisteront mieux à l'altération.
Exemples d’hydrolyses de feldspaths
- Hydrolyse de l’orthose
2 KAlSi3O8 (Orthose)+ 11 H2O → Si2O5Al2(OH)4 (Kaolinite) + 4 Si(OH)4 (Acide silicique) + 2 K+ + 2 OH-
- Hydrolyse de l’anorthite (plagioclase calcique)
2 CaAl2Si2O8 (Anorthite) + 4 CO2 (Dioxyde de carbone) + 6 H2O → 2 Ca++ + 4 HCO3- + 2 Si2O5Al2(OH)4 (Kaolinite)
- Hydrolyse de l'albite (feldspath sodique)
NaASi3O8 (Albite) + 8 H2O → Al(OH)3 (Gibbsite) + 3 Si(OH)4 (Acide silicique) + Na+ + OH-
Dans les pays tempérés, on peut remarquer que ces phénomènes d’hydrolyse consomment parfois du dioxyde de carbone. Celui-ci provient soit du dioxyde de carbone de l’air, soit du dioxyde de carbone du sol (issu de la décomposition lente des matières organiques). On a une hydrolyse acide.
Dans les pays méditerranéens, tropicaux ou équatoriaux, l’hydrolyse est neutre ou alcaline et conduira à des argiles parfois différentes.
Évolution du granite au cours de l’altération
Un granite altéré puis « pourri » va donc se distinguer d’un granite sain par une couleur plus rouille ou jaunâtre, une fragilisation progressive, une surface plus rugueuse et un aspect mat des cristaux de feldspaths.
L’altération se poursuivant, ce granite « pourri » va se désagrégé et se réduire à un amas de grains, formant une sorte de sable grossier, l’arène granitique (d’arena, le sable en latin). Celle-ci s’accumulera à la base de l’affleurement ou entre les blocs de granite non encore altérés, tandis que les eaux de ruissellement et d’infiltration emporteront les composés solubles issus de l’hydrolyse.
Composition de l’arène granitique :
- grains de quartz non altérés
- grains de feldspaths restant plus ou moins altérés (surtout le feldspath orthose, plus résistant que les plagioclases)
- oxydes de fer
- argiles (provenant de l’altération par hydrolyse des micas et des feldspaths)
L’altération du granite pourra continuer en profondeur, par couches (altération en « pelures d’oignon ») ce qui formera à la longue des masses plus ou moins arrondies.
L’arène granitique pourra par la suite être emportée par le vent, la gravité et les eaux de ruissellement, dégageant progressivement les blocs de granite non altérés qui resteront empilés les uns sur les autres créant dans le paysage ces structures appelées chaos.
On peut résumer ce phénomène ainsi :
Il est courant de rencontrer ces chaos dans les régions granitiques (Bretagne, Lozère….). Parfois, l’empilement de ces blocs crée une structure instable où certains blocs ne sont en contact que par un ou deux points de leur surface. Certains blocs peuvent même bouger légèrement lorsqu’on les pousse. Dans les folklores locaux, on nomme souvent ces pierres des « pierres branlantes », « roches tremblantes » ou « pierres folles ».
Érosion du granite en montagne
Dans les zones montagneuses, l’altération du granite par le phénomène d’hydrolyse et par les êtres vivants est plus réduite.
Par contre, l’action du gel et du dégel dans les diaclases est très importante (phénomène de cryofracturation), ce qui va détacher de grands blocs de granite en produisant des flèches, aiguilles…. En bas de ces reliefs s’accumulent les blocs rocheux détachés par ce mécanisme.
Érosion du granite en bord de mer
En bord de mer, la destruction des roches peut être accélérée par d'autres phénomènes. Tout d'abord, il faut considérer le choc des vagues sur les roches ou le choc des galets projetés par la mer sur les roches. En cas de tempêtes, de gros morceaux de roches peuvent même être détachés de l'affleurement.
Mais l'action du sel marin a aussi son influence. Les embruns salés pénètrent dans les fissures de la roche. Les cristaux de sel qui s'y développent prennent du volume en séchant ce qui multiplient les microfractures. Les sulfates de sodium et de magnésium sont les plus destructeurs dans ce genre de processus.
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