La Pointe du Payré : Différence entre versions
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<center>[[Image:Jard melanterite 1.jpg|thumb|400ppx|Zones jaunâtres en bas de falaise, dans les micaschistes.]]</center> | <center>[[Image:Jard melanterite 1.jpg|thumb|400ppx|Zones jaunâtres en bas de falaise, dans les micaschistes.]]</center> | ||
− | La présence fréquente dans la zone de pyrite de fer FeS<sub>2</sub> laisse penser à de la mélantérite FeSO<sub>4</sub>. Celle-ci est en effet un minéral secondaire formé par l'oxydation (sous l'action des eaux de surface) des minéraux sulfurés de fer, comme la pyrite et de marcassite, il se trouve naturellement présent dans les crevasses et les cavités abritées roches sédimentaires et métamorphiques sulfurées.<br> | + | La présence fréquente dans la zone de pyrite de fer FeS<sub>2</sub> laisse penser à de la mélantérite FeSO<sub>4</sub> , 7 H<sub>2</sub>O. Celle-ci est en effet un minéral secondaire formé par l'oxydation (sous l'action des eaux de surface) des minéraux sulfurés de fer, comme la pyrite et de marcassite, il se trouve naturellement présent dans les crevasses et les cavités abritées roches sédimentaires et métamorphiques sulfurées.<br> |
<center>[[Image:Jard melanterite 2.jpg|thumb|400ppx|Gros plan du minéral]]</center><br> | <center>[[Image:Jard melanterite 2.jpg|thumb|400ppx|Gros plan du minéral]]</center><br> | ||
<b>ATTENTION<b> : la mélantérite est un indicateur de la présence éventuelle de l'acide sulfurique (formé aussi lors de la réaction) et ne doit pas être manipulée à mains nues ou inhalée.<br> | <b>ATTENTION<b> : la mélantérite est un indicateur de la présence éventuelle de l'acide sulfurique (formé aussi lors de la réaction) et ne doit pas être manipulée à mains nues ou inhalée.<br> | ||
+ | FeS<sub>2</sub> (pyrite de fer) + 3.5 H<sub>2</sub>O (eau) → FeSO<sub>4</sub>, 7 H<sub>2</sub>O (mélantérite) + H<sub>2</sub>SO<sub>4</sub> (acide sulfurique) <br> |
Version du 30 octobre 2012 à 09:58
Sujet en cours de réalisation
Située sur la commune de Jard-sur-Mer en Vendée, la pointe du Payré est un site incontournable pour les amateurs de Géologie.
Le site est non seulement remarquable au point de vue géologique mais aussi pour l'ensemble de ses richesses naturelles. C'est pourquoi cette zone (ainsi d'ailleurs qu'une bonne partie de la région côtière du secteur) fait partie depuis 2009 du programme Natura 2000.
Pour plus d'informations sur Natura 2000 : http://vendee.lpo.fr/afficherpage?sous_categorie=23&numero=4
La multiplicité des habitats et des espèces remarquables confère à cette zone une valeur patrimoniale exceptionnelle. Elle a d'ailleurs fait l'objet d'un inventaire ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique).
voir : http://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/520005781/tab/commentaires?lg=en
Pour rejoindre le site, prendre à Partir de Jard-sur-Mer, la direction Ouest vers l'abbaye Royale du Lieu-Dieu, puis, au-delà jusqu'au terminus de la route. Abbaye du Lieu-Dieu : http://rgilles.chez-alice.fr/page12.html
Un grand parking permet d'y laisser son véhicule. Un chemin de quelques centaines de mètres mène à la plage de la Mine.
Quand on arrive à la plage, on part à droite, donc vers l'ouest nord-ouest.
Une petite carte pour situer les éléments du début de la promenade :
- Flèche rouge : chemin du parking vers la plage
- Ellipse jaune : la mine de Jard
- Ellipse rose : zone minéralisée
- Carré rouge : c'est de là qu'ont été photographiés les panoramas précédents, l'un vers l'ouest, l'autre vers l'est.
Aussitôt quittés la plage, nous découvrons en haut de falaise les haldes des anciens travaux d'exploitation de la mine de Jard (ou mine Saint-Nicolas).
Peu de documents permettent de reconstituer l'histoire minière du lieu. Peut-être que des travaux anciens eurent lieu ici (on parle du 17ème siècle) mais il est certain que dans les années 1906-1909 eurent lieu quelques prospections peu importantes pour exploiter la pyrite de fer. Un puits de 3 mètres de diamètre sur 14,50 mètres fut réalisé à 20 mètres du bord de la falaise. Le minerai titrait 32% de fer avec quelques traces de plomb, cuivre, zinc, arsenic, antimoine.
En 1913, un dénommé Sicot, prospecteur à Saint Laurs (79), réalisa une exploitation éphémère pour exploiter de la galène argentifère (dans une gangue de barytine). Quelques travaux de surface seulement eurent lieu. Une demande de concession fut même déposée par la suite mais elle ne fut pas accordée.
Pour évaluer l'intérêt potentiel du site, une campagne de sondages (20 sondages percutants à 50 mètres de profondeur) fut même réalisée par le BRGM en février 1984. La présence de plomb, argent, zinc, barytine fut décelée dans les échantillons mais le site semble peu prometteur.
Dans les broussailles, non loin des haldes il est encore possible de détecter l'entrée d'une ancienne galerie.
Avant de poursuivre notre promenade, un CONSEIL : si la ballade vous intéresse, il faut la faire par le bas de la falaise, le long de la mer !
Mais ATTENTION, la mer à marée haute rejoint la falaise en plusieurs endroits ; donc, ne faire cette sortie qu'à marée basse ou descendante (le mieux!) et compter environ trois heures pour rejoindre le bout de la pointe, si vous voulez vous donnez la peine d'observer et d'échantillonner.
Une fois lancé sur la plage vers la pointe, très peu d'endroits permettent de remonter en haut de la falaise ! De même si on commence la promenade par le haut, peu d'endroits permettent de redescendre facilement sur la plage !
De plus, circulation en haut de la falaise=DANGER, éboulements possibles ! Donc, respectons le site et soyons prudents lorsque nous longeons le bas de la falaise !
Pour comprendre l'intérêt de la pointe du Payré il faut replacer ce lieu géologiquement !
On est ici à la limite entre le socle hercynien (massif armoricain-vendéen) plissé au nord et la couverture sédimentaire septentrionale du bassin aquitain au sud. Et on peut suivre ici sur plusieurs kilomètres le contact (discordance) entre les couches sédimentaires au-dessus (déposées lors de la transgression début Jurassique) et le socle ancien en-dessous !
Ces différentes structures vont être développées ici.
En quittant la plage on rencontre à droite, tout à fait en haut de plage, sur une cinquantaine de mètres, des couches sédimentaires liasiques (calcaires marneux grisâtres). Ces couches, bien stratifiées, subhorizontales, datant du Pliensbachien, sont assez riches en fossiles !
Notons que ces couches sont beaucoup plus présentes de l'autre coté de la plage !
Quelques fossiles : Pseudopecten aequivalvis
et des rostres de Belemnites en abondance :
En dessous de cette couche de Pliensbachien, se trouvent les premiers dépôts de lias, posés directement sur le socle hercynien érodé !
Ces couches de lias sont, selon les endroits, plus ou moins silicifiés et minéralisés !
Sur les rochers de l'estran, formés de lias silicifié, la présence de barytine blanchâtre est très nette.
Comme on peut l'observer un peu partout le long de la côte (Le Veillon, La Mine des Sards, La Baie de Cayola etc...), c'est ce lias silicifié qui est à l'origine des galets présents en abondance sur les plages.
La barytine est omniprésente tout le long de cette sortie !
Dans le lias (silicifié ou non) bien sûr, mais aussi dans des filons du socle comme nous le verrons plus tard ! Généralement massive, elle peut se rencontrer souvent en crêtes ou en pompons blanchâtres à crème. La présence d'oxyde fer fer la teinte fréquemment en rouille ! Les pompons de barytine font environ 1 à 2 cm ! La taille parait assez constante dans tout le lias silicifié.
Quelques photos de la barytine du lias :
La barytine peut être associée à de la pyrite oxydée :
Parfois de petites géodes apparaissent dans les galets de lias silicifié ce qui laisse augurer des découvertes possibles plus intéressantes ! Ces galets sont très durs à casser cependant.
Exemple d'une géode barytine quartz :
Dans les bancs de lias silicifié, outre la barytine abondante et le quartz fréquent, on peut souvent mettre à jour de petites zones de fluorine (petites géodes ou petits placages). Souvent inclus dans la barytine il arrive qu'on puisse observer la présence de petits cristaux bien formés. Ce sont des cristaux blanchâtres, jaune pâle à jaune clair dont la taille dépasse rarement quelques millimètres.
Quelques photos de fluorine (associée à la barytine) :
Outre la barytine,le quartz et la fluorine, en se promenant à marée basse, on peut observer une abondance de pyrite ! Polie et usée par la mer, cela donne des surfaces brillantes argentées à la surface des rochers.
Il y en a sur des centaines de mètres carrés.
Elle est souvent associée à des filons de barytine massive.
Continuons notre promenade. Les couches n'étant pas horizontales, la couche de Lias va peu à peu s'élever en hauteur au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la plage. Se trouvant au niveau de l'estran, elle se retrouve en falaise 200 mètres environ après avoir quitté la plage.
Une zone de lias non silicifié permet de trouver de la calcite (en petites géodes de cristaux), des nodules massifs de baryte ainsi que des intercalations argileuses.
Un peu plus loin, première apparition, au ras du sol, des couches penchées métamorphisées du socle.
-une couche de galets arrondis soudés
-les galets de la plage (lias silicifié |
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Expliquons chronologiquement la formation de chacune de ces couches :
-Les couches inférieures paléozoïques (les plus anciennes ; nous les verrons plus en détail plus loin sur la côte) contiennent régulièrement des filons de quartz. Lors de l'érosion de ces couches, les filons de quartz ont été détruits et ce sont les morceaux de ces filons qui constitueront par endroits le conglomérat quartzeux. On peut remarquer que les morceaux de quartz sont anguleux (donc pas de transport : origine locale).
-Lors de la transgression, une matière brunâtre calcaire (effervescence à l'acide) a soudé grossièrement ces morceaux de quartz en donnant le conglomérat.
-La transgression a d'abord déposé dans la région des couches de sédiments terrigènes continentaux et lagunaires (base de l'Hettangien). (Le site proche à empreintes du Veillon est un très bon exemple de ces dépôts.) Ces dépôts lagunaires ont des épaisseurs variables selon les zones. Les fossiles rencontrés sont des lamellibranches et des gastéropodes que la silicification ultérieure rend difficile à observer sur ce site. L'ensemble du Lias présent ici correspond à l'Hettangien (en partie lagunaire) et au Sinémurien. Il est composé de calcaires dolomitiques avec intercalations d'argiles vertes ou noires. Silicifié en grande partie, ces couches ont une stratification qui n'est plus guère visible.
-L'érosion ultérieure (et encore actuelle) détruit le lias silicifié (éboulements). L'action de la mer transforme ensuite ces morceaux en galets arrondis qui couvre la plage.
Au fur et à mesure de la progression vers la pointe du Payré, les couches s'élèvent ce qui permet une belle observation en plein milieu de falaise de cette discordance.
Vue plus en détail de cette discordance :
Définition de discordance (stratigraphique) : Une surface de discordance est une ancienne surface d'érosion séparant un ensemble de strates plissées lors d'une phase orogénique, d'un autre ensemble de strates non plissées.
Commentaires : Les couches du dessous sont anciennes (paléozoïques). Elles ont subi un plissement ce qui les a penchées.
L'érosion a raboté le relief et donné une surface plate. Le mer est ensuite revenue déposer par-dessus des couches horizontales.
On appelle discordance cette rupture de disposition des couches : penchées en dessous, horizontales dessus ! Cela traduit ici une transgression (retour de la mer après un retrait plus ou moins long).
Plus on se déplace vers la pointe du Payré, plus les dépôts paléozoïques s'élèvent ; le lias restant en haut de falaise.
Datant d'environ -325 MA à -280 MA, ces couches penchées sont constituées de roches métamorphiques.
Extrait de la notice de la carte géologique du secteur : "C'est un ensemble assez homogène de micaschistes prédominants et de quelques niveaux gneissiques feldspathiques. Les micaschistes de couleur gris clair montrent des alternances avec des passages plus quartzeux. Les minéraux du métamorphisme sont biotite, staurotide, disthène et grenat."
Le quartz est omniprésent dans ces couches, soit en petits masses discontinues suivant le sens des couches, soit en gros filon de direction variable. Ce sont ces filons de quartz qui, lors de l'érosion, seront à l'origine du conglomérat observé à la base du lias.
De petites géodes de quartz cristallisé peuvent parfois s'observer :
D'autres structures présentes dans les couches indiquent les mouvements qui ont eut lieu au cours des étapes de leur formation. Ainsi, un certain nombre de failles bien nettes sont visibles :
Les filons peuvent être remplis de barytine massive à crêtée (mais l'érosion due à la mer la rend peu présentable en surface) :
ou de composé ferrugineux :
De même la présence de structures plissées sont facilement observables :
On trouve même des filons de quartz qui marque bien ces plissements :
Intéressons nous justement à ces filons de quartz. Généralement pauvre en minéraux, ce sont pourtant eux qui abritent en général les cristaux de disthène.
Si le disthène est un minéral classique du métamorphisme (métamorphisme moyen) nous trouvons aussi dans ces roches d'autres minéraux classiques du métamorphisme. Le grenat par exemple se rencontre fréquemment.
Malheureusement, de petite taille et érodé par la mer.
Associé souvent au disthène et typique aussi de ce métamorphisme, nous pouvons observer aussi la présence de staurotide en petits cristaux noirâtres :
Cette portion de côte est aussi intéressante au niveau des phénomènes d'érosion.
En effet il y a superposition, comme nous l'avons vu, de deux couches bien différentes : le lias silicifié au-dessus et les micaschistes penchés en-dessous.
A chaque marée, la mer vient heurter le bas de la falaise en de nombreuses zones, accentuant son action par la projection des galets de la plage.
Il s'en suit un creusement de la partie micaschistes et la formation de nombreuses grottes surmontées par le lias plus résistant :
Ces grottes sombres et perpétuellement mouillé par les embruns ou l'air salé sont d'ailleurs une niche écologique unique.
On y trouve en particulier une fougère très rare et protégé : l'Asplenium marinum.
Comme nous l'indiquions au début de cette promenade, des éboulements sont à craidre. Le lias, même s'il est très dur au niveau de la roche, ne l'est pas autant au niveau de l'affleurement. La présence abondante de fissures et de fractures fragilise la falaise. Donc PRUDENCE lors du déplacement.
La fragilité de l'affleurement est mieux démontrée lors des tempêtes. De nombreux éboulement s'observent alors :
L'érosion irrégulière est à l'origine de formes curieuses et photogéniques.
En plusieurs endroits de la falaise, dans la partie basse des micaschistes apparaissent des zones où la roche est recouverte de masses informes jaunâtres.
La présence fréquente dans la zone de pyrite de fer FeS2 laisse penser à de la mélantérite FeSO4 , 7 H2O. Celle-ci est en effet un minéral secondaire formé par l'oxydation (sous l'action des eaux de surface) des minéraux sulfurés de fer, comme la pyrite et de marcassite, il se trouve naturellement présent dans les crevasses et les cavités abritées roches sédimentaires et métamorphiques sulfurées.
ATTENTION : la mélantérite est un indicateur de la présence éventuelle de l'acide sulfurique (formé aussi lors de la réaction) et ne doit pas être manipulée à mains nues ou inhalée.
FeS2 (pyrite de fer) + 3.5 H2O (eau) → FeSO4, 7 H2O (mélantérite) + H2SO4 (acide sulfurique)