La géologie et paléontologie des Monts des Flandres : Différence entre versions
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− | Vers –65 millions d’années, à la fin du Crétacé, la mer qui déposait la craie, ce gigantesque « cimetière » à algues microscopiques (les coccolithophoridés) s’est retirée (=régression marine). Elle ne revient qu’ une dizaine de millions d’années plus tard. | + | Vers –65 millions d’années, à la fin du [[Crétacé]], la mer qui déposait la [[craie]], ce gigantesque « cimetière » à algues microscopiques (les [[coccolithophoridés]]) s’est retirée (=régression marine). Elle ne revient qu’ une dizaine de millions d’années plus tard. |
− | Ensuite, pendant | + | Ensuite, pendant l’[[Eocène]], et pendant une vingtaine de millions d’années, la mer effectue des va et viens pour déposer sables ou argiles sur une épaisseur de plus de 250 m . Vers –35ma la mer régresse définitivement. |
− | On peut penser que les 100 premiers mètres (au moins) de sables et d’argiles ont depuis été érodés. Le ruissellement les a emportés. Mais, ponctuellement et notamment dans les Monts des Flandres, cela ne s’est pas produit. Pourquoi ? Vers –5ma, c'est-à-dire au Pliocène, les sables et galets se sont cimentés avec une « rouille » naturelle. Cet oxyde de fer a donc chapeauté plus ou moins, selon les endroits, un peu à la manière des cailloux qui protègent les cheminées de fées. D’autres exemples comparables sont le relief de Mons en Pévèle au sud de Lille où des grès à nummulites protègent le substrat, ou aussi l’énorme butte de Laon (dans l’Aisne) elle-même protégée par la pierre à liards (un grès à nummulites que l’on peut observer au pied de la cathédrale, sur la route ascendante). | + | On peut penser que les 100 premiers mètres (au moins) de sables et d’argiles ont depuis été érodés. Le ruissellement les a emportés. Mais, ponctuellement et notamment dans les Monts des Flandres, cela ne s’est pas produit. Pourquoi ? Vers –5ma, c'est-à-dire au [[Pliocène]], les sables et galets se sont cimentés avec une « rouille » naturelle. Cet oxyde de fer a donc chapeauté plus ou moins, selon les endroits, un peu à la manière des cailloux qui protègent les cheminées de fées. D’autres exemples comparables sont le relief de Mons en Pévèle au sud de Lille où des [[grès]] à nummulites protègent le substrat, ou aussi l’énorme butte de Laon (dans l’Aisne) elle-même protégée par la pierre à liards (un grès à [[nummulites]] que l’on peut observer au pied de la cathédrale, sur la route ascendante). |
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− | Première étape, un fond de cuvette marine avec dépôts sédimentaires et dents de requin Carcharoclès mégalodon (du Mont des Recollets). Deuxième étape, la mer s’étant retirée, l’érosion use plus rapidement les marges plus tendres et pendant l’exondation des lentilles de grès se forment dans le sable. Troisième et dernière étape, par érosion différentielle les grés apparaissent en surface. Contrairement aux on dit, les grès ne remontent pas, c’est en réalité le sol qui descend et fait apparaître les grés qui affleurent et continuent à protéger les roches sous-jacentes, à la manière des célèbres cheminées de fées. | + | Première étape, un fond de cuvette marine avec dépôts sédimentaires et dents de requin [[Carcharoclès mégalodon]] (du Mont des Recollets). Deuxième étape, la mer s’étant retirée, l’érosion use plus rapidement les marges plus tendres et pendant l’exondation des lentilles de grès se forment dans le sable. Troisième et dernière étape, par érosion différentielle les grés apparaissent en surface. Contrairement aux on dit, les grès ne remontent pas, c’est en réalité le sol qui descend et fait apparaître les grés qui affleurent et continuent à protéger les roches sous-jacentes, à la manière des célèbres cheminées de fées. |
− | Les fossiles des monts des Flandres | + | Les [[fossiles]] des monts des Flandres |
− | Les « glossopètres » ou langues de pierre sont les couronnes dentaires sans racines de gros requins : carcharoclès mégalodon (et non pas carcharodon mégalodon comme on le voit encore trop souvent à tort). Dans | + | Les « glossopètres » ou langues de pierre sont les couronnes dentaires sans racines de gros requins : carcharoclès mégalodon (et non pas carcharodon mégalodon comme on le voit encore trop souvent à tort). Dans l’[[argile]] de Cassel datée du [[Bartonien]], à sa base un cordon de [[sable]] graveleux très chargé en glauconite forme la « bande noire » contenant des nummulites variolatus remaniées, des nummulites wemmelensis et des dents de squales, des pectens (Amusium corneus,) Corbula pisum. |
− | Au Lutétien supérieur, les sables fins doux et calcarifères légèrement glauconieux sont très fossilifères : | + | Au [[Lutétien]] supérieur, les sables fins doux et calcarifères légèrement glauconieux sont très fossilifères : |
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Version du 30 juin 2007 à 15:51
Les Mont des Flandres sont situés dans le Nord de la France, en partie un peu sur la Belgique.
Histoire des dépôts
Vers –65 millions d’années, à la fin du Crétacé, la mer qui déposait la craie, ce gigantesque « cimetière » à algues microscopiques (les coccolithophoridés) s’est retirée (=régression marine). Elle ne revient qu’ une dizaine de millions d’années plus tard. Ensuite, pendant l’Eocène, et pendant une vingtaine de millions d’années, la mer effectue des va et viens pour déposer sables ou argiles sur une épaisseur de plus de 250 m . Vers –35ma la mer régresse définitivement. On peut penser que les 100 premiers mètres (au moins) de sables et d’argiles ont depuis été érodés. Le ruissellement les a emportés. Mais, ponctuellement et notamment dans les Monts des Flandres, cela ne s’est pas produit. Pourquoi ? Vers –5ma, c'est-à-dire au Pliocène, les sables et galets se sont cimentés avec une « rouille » naturelle. Cet oxyde de fer a donc chapeauté plus ou moins, selon les endroits, un peu à la manière des cailloux qui protègent les cheminées de fées. D’autres exemples comparables sont le relief de Mons en Pévèle au sud de Lille où des grès à nummulites protègent le substrat, ou aussi l’énorme butte de Laon (dans l’Aisne) elle-même protégée par la pierre à liards (un grès à nummulites que l’on peut observer au pied de la cathédrale, sur la route ascendante).
Principe de formation
Première étape, un fond de cuvette marine avec dépôts sédimentaires et dents de requin Carcharoclès mégalodon (du Mont des Recollets). Deuxième étape, la mer s’étant retirée, l’érosion use plus rapidement les marges plus tendres et pendant l’exondation des lentilles de grès se forment dans le sable. Troisième et dernière étape, par érosion différentielle les grés apparaissent en surface. Contrairement aux on dit, les grès ne remontent pas, c’est en réalité le sol qui descend et fait apparaître les grés qui affleurent et continuent à protéger les roches sous-jacentes, à la manière des célèbres cheminées de fées.
Les fossiles des monts des Flandres
Les « glossopètres » ou langues de pierre sont les couronnes dentaires sans racines de gros requins : carcharoclès mégalodon (et non pas carcharodon mégalodon comme on le voit encore trop souvent à tort). Dans l’argile de Cassel datée du Bartonien, à sa base un cordon de sable graveleux très chargé en glauconite forme la « bande noire » contenant des nummulites variolatus remaniées, des nummulites wemmelensis et des dents de squales, des pectens (Amusium corneus,) Corbula pisum.
Au Lutétien supérieur, les sables fins doux et calcarifères légèrement glauconieux sont très fossilifères :
Nummulites variolatus Orbitolites complanatus Ostrea gigantea Chlamys plebeia Myliobatis Odontaspis Lamna Oxrhina Carcharoclès Echinolampas affinis Tubes de Ditrupa strangulata Terebratula kieckxi Cerithium giganteum (moules internes) Nautilus burtini Ostrea inflata
Bruxéllien ou Lutétien inférieur :
Moules de Gladius (Rostellaria) baylei Maretia omaliusi Letina platellaris Ostrea cymbula Cardium porulosum Meretrix (Callista)loevigata Odontaspis macrota Lamna vicenti Nummulites laevigatus
Yprésien :
L’acide formé à partir de la pyrite dans l’argile attaque les coquilles ce qui donne du gypse qui cristallise en donnant des macles. Les UV longs révèlent un entonnoir blanchâtre fluorescent. Les fossiles sont rares mais on a pu y trouver les crabes Xanthopsis leachi & X.bispinosus. A Mons en Pévèle, le grès de Pève est un sable à Nummulites planulatus elegans consolidé et daté de l’Yprésien supérieur.